Retour au menu principal « 4 millions 7 » mars 2014 ÉDITORIAL Une étrange euphorie semble s'être
emparée de nos dirigeants francophones : ils ont acheté un nouveau sursis
en consentant à la sixième réforme de l'État, et notre situation économique
est, paraît-il, meilleure que celle des pays voisins. Ces illusions dangereuses
doivent être dissipées Illusion économique d'abord, car
les indicateurs brandis à tour de bras sont des moyennes se rapportant au
Royaume. Nos gouvernants se gardent bien d'afficher les résultats des Régions
wallonne et bruxelloise qui devraient leur importer en premier lieu,
puisque c'est là-dessus qu'ils auront des comptes à rendre en mai : avec
un taux de chômage de plus de 14% en Wallonie et de plus de 20% à Bruxelles,
notre situation n'est pas meilleure que celle des régions et pays voisins. Au
contraire, elle est pire ! Illusion quant à la réforme de
l'État, (qu'ils disent n'avoir pas voulue et dont les citoyens francophones
peinent à en percevoir l'intérêt). Son financement, qui n'est pas assuré au-delà
de la période transitoire de dix ans, menace déjà les politiques de santé et de
bien-être de nos Régions. En effet, seuls 85% des moyens qui y étaient affectés
seront transférés : l'État fédéral réalise ainsi de manière sournoise et
asociale une partie de son programme d'assainissement budgétaire. La scission de l'arrondissement
électoral de B.H.V. a été concédée sans élargissement de la Région bruxelloise,
malgré l'engagement unanime des partis francophones. D'autre part, l'exercice
de la démocratie et des droits linguistiques de la majorité dans les six
communes « à facilités » reste suspendu à des procédures
juridictionnelles dont l'issue est aléatoire. Quant à la réforme de
l'arrondissement judiciaire, elle se solde finalement par des cadres linguistiques
défavorables aux magistrats et personnels francophones. Enfin, l'inanité de la
communauté métropolitaine, –dont on se demande d'ailleurs si elle sera jamais
installée–, est démontrée par le projet d'élargissement du périphérique
(« ring »), décidé sans véritable concertation par le gouvernement
flamand. Tout est
« communautaire » L'apaisement vanté est-il au
rendez-vous ? Et surtout, durera-t-il ? L'expérience apprend qu'après
chaque dévolution de compétences aux Régions et Communautés, le contentieux
entre les deux nationalités qui composent la Belgique se déplace en se
concentrant sur les enjeux restés fédéraux. La flamandisation du corps des
officiers généraux, l'intégration à marche forcée de l'armée dans celle des
Pays-Bas, le dossier du remplacement des avions de combat et la menace sur la
base aérienne de Florennes en sont une indication, malgré le récent sursaut des
députés francophones qui ont imposé une visite de la Commission de la Défense
de la Chambre à sa consœur de l'Assemblée nationale de Paris. Les désaccords entre Flamands et
Wallons sur la politique extérieure ont, il est vrai, plus d'un siècle. Dans un
contexte certes différent, Jules DESTRÉE interpellait déjà en février 1913 sur
la dangereuse exposition de la Wallonie à l'invasion (1). Les
récentes interventions de la N-VA contre la participation de la Belgique à
l'Organisation Internationale de la Francophonie et un éventuel soutien à
l'opération militaire en Centrafrique sonnent à nos oreilles comme l'écho
jamais affaibli du « Los van Frankrijk » vociféré dans les années '20
et '30. La montée
des périls En désignant d'emblée comme son
adversaire principal un parti qui n'est pas son concurrent électoral, Bart de
Wever annonce la couleur : dans un pays qui juxtapose deux sociétés
distinctes, il s'agira d'imposer, sans état d'âme, le modèle néolibéral qui a
la faveur du peuple le plus nombreux, sous la menace d'un
« confédéralisme » qui conduit à la dislocation de l'État. Les
faibles protestations émises lorsque la N-VA a dévoilé son programme
institutionnel ne doivent pas faire illusion : les partis traditionnels
flamands ne lui opposeront aucune résistance sérieuse. Au contraire, Stefaan de Clercq
(CD&V) exprime sa nostalgie du cartel avec la N-VA, la nationalisme, dit-il,
faisant partie de l'ADN (sic) des démocrates-chrétiens (flamands). D'autres
assurent que « cette fois » il faut un gouvernement fédéral qui
s'appuie sur une majorité flamande à la Chambre, avec un Premier Ministre
flamand, même si personne ne paraît candidat. Or, les sondages indiquent un renforcement
de la NV-A par rapport aux élections législatives de 2010, (elle passerait de
28 à 32%). D'ailleurs, l'opinion flamande approuve ses positions sur la
scission de la Sécurité Sociale ainsi que sur la mise sous tutelle de
Bruxelles, dont les habitants seraient sommés de choisir entre deux
nationalités, la flamande ou la francophone. Ce dernier point peut
étonner : il s'agit d'un simple rappel du programme constant du mouvement
flamand et la justification principale de la préférence donnée au
confédéralisme sur l'indépendance (de la Flandre) : il faut imaginer un
montage institutionnel qui permette à la Flandre de ne pas lâcher Bruxelles. Dès lors que la date des élections
régionales et fédérales coïncide cette fois, et que la formation du
gouvernement flamand (probablement sur le modèle N-VA, CD&V, Open VLD)
précèdera probablement celle du gouvernement fédéral, une nouvelle crise
majeure du régime est prévisible... Entre temps, certains anciens « demandeurs
de rien » ont découvert quelque chose à revendiquer : la création par
l'État fédéral d'un nouveau réseau d'enseignement bilingue à Bruxelles.
Les auteurs de cette proposition farfelue semblent avoir choisi pour modèle des
relations entre francophones et Flamands la définition étrange de l'amour,
formulée naguère par Jacques LACAN : « donner ce qu'on n'a pas à
quelqu'un qui n'en veut pas »... Conclusions Face à une consolidation à la hausse de
la NV-A en Flandre, dans le Sud, la dispersion des intentions de vote des
francophones, l'affaiblissement du Parti socialiste et la montée en force de
partis radicaux, tant à gauche qu'à droite, montrent le désarroi profond d'une
opinion publique qui n'est pas dupe de l'optimisme affiché par les princes qui
nous gouvernent. « Jusqu'ici tout va bien » se
dit le fou tombé par la fenêtre, qui voit défiler les étages... Bien fou, en
effet, celui qui croit que la Flandre continuera à accepter des transferts
financiers de 3,5 milliards d'Euros par an, en même temps qu'un modèle d'État
social qui n'est pas le sien... Bien fou aussi, celui qui croit que la
Wallonie autonome pourrait s'en sortir seule : quels que soient les
mérites des plans MARSHALL ou autres qu'elle a concoctés, le rythme de son
redressement n'est pas accordé à celui des impatiences flamandes. Bien fou encore, celui qui croit que
Bruxelles, enclavée et sans profondeur stratégique, pourrait réduire sa
fracture sociale et répondre au défi démographique, en matière d'enseignement,
d'emploi et de logement, dans le cadre illusoire d'un statut de « Ville
Libre » ou de capitale européenne, tout en préservant son autonomie et son
identité culturelle française. Qui, dans le microcosme
politico-médiatique, tiendra enfin un discours de vérité, sans
précautions ni faux-semblants ? Il n'est pas d'autre avenir que dans
une union étroite entre la Région de Bruxelles (élargie aux communes de
la périphérie où les francophones sont majoritaires) et la Wallonie,
sous la forme d'un État commun, largement régionalisé pour respecter la
personnalité de ses composantes, et qui sera libre de développer et
d'approfondir ses liens naturels avec la France. (1) Paul Delforge, la
Wallonie et la Première Guerre Mondiale, Institut Destrée, Namur, 2008, page7. SOMMAIRE (pour le contenu,
nous consulter) POLITIQUE Crèches en
danger, SOS crèches ? Alain
MAHIAT Les francophones
de Flandre privés de représentant à la Commission Nationale du Pacte Culturel ---
Europe,
francophonie, Bruxelles Résumé
établi sur base de notes de J-F. GOOSSE Un ring élargi,
une décision rétrograde (suite) Source :
Diagnostic. Décembre 2013 CULTURE & LITTÉRATURE Avril 1814.
Abdication de Napoléon Lu pour vous : Au gré du jour,
au gré du vent... Journal 2011-2012
de France BASTIA MAROUCHA
Dans ce numéro,
le
supplément
France
Wallonie-Bruxelles
mars 2014.
« 4 millions 7 » février 2014 ÉDITORIAL L'année dernière a été importante pour
notre association. La célébration du centenaire de la Ligue wallonne nous a
permis d'honorer ceux qui l'ont guidée et maintenue à flot durant un siècle
avec tant de dévouement. Ce fut aussi l'occasion de faire un bilan, aux
couleurs contrastées, de leurs activités. Mais, en 2013, nos membres ont aussi
voulu, nous l'espérons, jeter les bases d'un nouvel essor. Trois assemblées
générales successives ont discuté puis adopté différents amendements
statutaires qui redéfinissent et étendent les possibilités d'adhésion à la
Ligue, en reprécisent l'objet social et en modifient par conséquent la
dénomination. Désormais notre association se
dénommera « Ligue francophone et wallonne de la région de
Bruxelles ». (L.F.W.R.B.). Ce faisant, elle veut indiquer que la
L.F.W.R.B. ouvre ses rangs et accueillera volontiers toute personne francophone
qui adhère à ses objectifs. Certes, la Ligue n'oublie pas ses
origines wallonnes ; dans son objet social, elle met en avant la
nécessaire communauté de destin entre la Wallonie et Bruxelles, mais, en
prenant la défense de Bruxelles, ville de langue et de culture françaises, elle
appelle et veut rassembler les francophones de tous âges et de toute origine,
de la région, de sa périphérie, comme aussi de Wallonie, qui partagent sa façon
de voir : assurer notre dignité, éviter l'asservissement. C'est un défi
de taille que nous espérons relever, non seulement avec l'aide et l'appui
de nos membres actuels, mais aussi avec le soutien et la coopération d'autres
femmes et hommes de bonne volonté. Différentes possibilités, différents
chemins s'ouvrent à nous, en consultation avec nos membres et sympathisants.
Nous pouvons veiller à approfondir notre réflexion et à élargir la diffusion de
nos points de vue : -
par notre périodique, « 4
millions 7 » -
par notre site Internet (qui est à
développer davantage) ou par d'autres moyens, -
par des déjeuners-débats et d'autres
initiatives... Mais nous ne voulons pas, à ce stade,
brûler les étapes. Nous voulons, surtout et d'abord, nous mettre à l'écoute de
ce que nos membres et sympathisants ont à nous dire et encore à nous proposer.
Ensemble, nous nous aiderons à reconstruire notre avenir. Si notre Ligue n'existait pas, il
faudrait l'inventer : un mouvement de vigilance, qui n'est inféodé à aucun
parti politique, mais qui, en redonnant courage et fierté aux francophones de
toutes origines, aiguillonnera leurs dirigeants. Le chemin qui s'ouvre sera
d'abord étroit, raboteux, escarpé, mais combien exaltant. Votre concours, chers membres, chers
sympathisants, est donc plus que nécessaire que jamais. Aidez-nous,
contactez-nous, rejoignez-nous, pour diffuser la voix de la Ligue dans des
cercles toujours plus larges. SOMMAIRE (pour le contenu,
nous consulter) POLITIQUE Le confédéralisme
de Kris Peeters ! Se laissera-t-on encore flouer ? Jean-Luc
Robert Ratés de com' à
Bruxelles-Propreté ! GéJy Dans Bruxelles
« l'assiégée »... Michel
Theys CULTURE & LITTÉRATURE Le Musée de la
Vie Wallonne à Liège In Memoriam
(Claire Goyer) Poésie de la
Résistance... Vers Brisés... Institut Destrée. Nouvelle publication.
« 4 millions 7 » décembre 2013 JUSTE UN MOT… Eh oui, pas de
"mot de la présidente" pour ouvrir ce journal. Ainsi que je l'avais
annoncé de longue date au conseil d'administration et à l'assemblée générale,
mon mandat de présidente a pris fin le 31 octobre, après la célébration du
centenaire de la Ligue wallonne. Je ne quitte pas pour autant le mouvement dont
je reste membre effectif (et actif) mais j'en confie la direction à ceux qui
sauront mieux que moi assurer la nécessaire évolution de la Ligue à l'aube de
son deuxième siècle d'existence, dans un contexte où les droits des
Francophones sont de plus en plus menacés à Bruxelles et dans sa périphérie. Parmi les tâches qu'a comportées mon
mandat de présidente, une des plus agréables, outre l'organisation de nos deux
déjeuners annuels, a été ce rendez-vous mensuel avec vous, chers lecteurs, par
le biais de ce petit billet. Vos visages ne me sont pas tous connus ; il
me semblait néanmoins converser avec des proches, membres d'une famille géographiquement
dispersée mais liée par une intime connivence. Il faut avouer que j'ai souvent fait
la part belle aux citations et il serait inélégant de ne pas remercier ici,
dans le désordre, Michel de Montaigne, Anne Sylvestre, Albert Camus, Louis
Aragon, Alain et tant d'autres. Nous sommes faits de strates accumulées et
ignorons parfois d'où surgit telle idée qui nous vient sous la plume. Les plus
belles lectures ne sont-elles pas celles qui se sont incorporées à nous à la
manière d'un aliment digéré ? Les déjeuners à La moule sacrée ont été d'intenses moments d'amitié et de joie.
Bonheur des visages et des voix, des accents. Bonheur des mets et des mots à
partager. Tant que vous répondrez à nos invitations, nous continuerons…
Ces cinq années de présidence ne
furent pas un chemin sans épines. Il y eut d'incalculables heures de travail et
toujours l'obsession de boucler "4 millions 7" à temps. Il y eut des
défections difficiles à encaisser, de nombreux deuils, la tentation du
découragement, la rage parfois devant notre impuissance. Mais il y eut aussi
l'inestimable soutien d'un conseil d'administration soudé et les encouragements
de nos membres. La vie, on le sait, n'est pas un long
fleuve tranquille mais la force des fleuves est de ne pas s'arrêter. Notre
secrétaire Mon ambition aura été d'être un
maillon de la chaine, de maintenir le navire à flot et l'outil en état de
servir. Qu'il me soit permis d'exprimer ici toute mon admiration et ma profonde
amitié à Gilberte et La tâche qui attend la nouvelle équipe
est dure. Bienvenue à ceux qui voudraient nous apporter leur concours.
N'oubliez pas que notre journal et notre site internet sont les vôtres. Ne nous résignons pas !
Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET 29
novembre 2013 ÉDITORIAL Dans son discours à l'occasion du
centenaire de la Ligue wallonne, la présidente Marie-Claire Daloze, au terme
d'un mandat qui, bien que bref - un lustre à peine - fut particulièrement actif
et fécond, nous a confié une mission : " rajeunir la Ligue wallonne et
l'ouvrir; l'ouvrir à tous les Francophones de Bruxelles, qu'ils soient ou non
d'origine wallonne, et aux Bruxellois
francophones venus d'ailleurs, très souvent de pays de la Francophonie;
l'ouvrir aussi aux différentes sensibilités politiques de ceux qui ont en
partage avec nous la volonté de défendre la langue française et les droits des
Francophones". Rajeunissement, ouverture aux nouveaux
Bruxellois, pluralisme sont, en effet, des impératifs de survie, car la
victoire de la cause pour laquelle nous combattons n'est pas encore acquise.
Des forces puissantes conspirent pour altérer le visage français de Bruxelles
et la séparer de la Wallonie. En effet, aucun effort n'est ménagé
pour opposer artificiellement le fait "communautaire" (pour parler
clairement, l'existence en Belgique de deux nationalités ou de deux
"sociétés distinctes", comme disent nos cousins québécois) et
l'affirmation de Bruxelles comme Région à part entière, en faisant ainsi le jeu
de "la Flandre, qui est
communautaire chez elle et… régionaliste pour nous". (Bernard Remiche,
dans Marianne, 5 octobre 2013). Sortons de la confusion et de la
complaisance ambiantes ! Le nœud gordien belge ne peut être délié, il doit être
tranché. La Flandre affirme le principe de territorialité : prenons-la au mot !
Nous rejetons le district fédéral ou
la ville-État pour Bruxelles ou la confédération à trois ou quatre dont rêvent
certains. Notre objectif, c'est l'État Wallonie-Bruxelles, dont le territoire
comprend la Wallonie (1), la Région bruxelloise et, au moins les six communes à
facilités de la périphérie, bref là où les Francophones sont majoritaires. La
forme de cet État devra respecter la personnalité propre des deux Régions qui
le composent et le droit des Bruxellois flamands à être administrés, jugés et
instruits dans leur langue sans privilèges excessifs, ainsi qu'à bénéficier
d'une vie sociale et culturelle appropriée. Dans le prochain numéro de « 4 millions 7 », nous
exposerons à nos lecteurs les options d'avenir prises par la Ligue wallonne au
cours des trois assemblées générales qu'elle a tenues depuis le printemps. Entre
temps nous vous souhaitons de bonnes
fêtes de Fin d'Année. Gardez la santé, restons optimistes pour 2014 ! (1) sans préjuger du sort futur de la
Communauté germanophone. SOMMAIRE (pour le contenu, nous consulter) POLITIQUE Francophones,
Flamands, avons-nous encore quelque chose en commun ? Jean-Luc ROBERT Un ring élargi, une décision rétrograde
Michel LEGRAND Préservez-nous de Grouwels ! Diagnostic Face à l’anglicisation, les élites françaises ne voient
pas le problème Pierre FRATH CULTURE
ET LITTÉRATURE Histoire d’un engagement : le combat des ligues
wallonnes à Bruxelles (résumé de la conférence de La Ligue wallonne)
Jean-François GOOSSE Le sapin de Noël de Bruxelles provient de la commune de
Baelen (Wallonie, province de Liège)
Guy MASSENAUX Mon pays de soleil (poème)
Josette VAN SCHOORS La collection Jeux
de langage à la Maison de la Francité.
Dans ce numéro Le supplément FRANCE WALLONIE BRUXELLES décembre 2013 « 4 millions 7 » Octobre-novembre 2013 LE MOT DE LA PRÉSIDENTE (prononcé
le 12 octobre au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles) Chers amis, Lorsque
j’ai voulu partir à la pêche aux souvenirs, je me suis aperçue que les mailles
de mon filet étaient bien lâches et mon
butin est dérisoire. Le Bruxelles où débarquèrent des familles wallonnes en
1913 était bien différent de celui que je connais et je dois fournir un effort
pour imaginer ce que fut leur sentiment
d’exil, ce que fut leur joie de se regrouper pour du théâtre en wallon, des
excursions, des parties de cartes, des banquets. Par contre, il m’est plus
facile d’imaginer l’amère constatation qu’ils firent, très tôt, de la mise en
marche du rouleau compresseur flamand et je
ressens parfaitement l’élan qui les poussa à résister, à lutter, à
s’organiser. Je veux remercier ces ainés pour leur lucidité et leur
détermination. Je ne connais les pas tous et pour n’oublier personne, je les
englobe dans la belle formule du poète et chanteur Jean Vasca : « Je
veux saluer ici ceux qui n’ont jamais
trahi ». Dès
le début, les activités de la Ligue wallonne se sont inscrites sur deux
axes : les loisirs, la culture, la convivialité d’une part ; le
combat francophone d’autre part. Et c’est peut-être ce qui fait la spécificité de notre Ligue
wallonne : jamais la résistance et la lutte ne furent désincarnées et
jamais la préoccupation du combat à mener ne fut absente des réjouissances. Personnellement,
je n’ai connu la Ligue wallonne qu’en 1982 lorsque Gilberte Lambot-Durand en
reprit Il
y eut des visites insolites et parfois nocturnes dans des coins de Bruxelles
peu fréquentés… Il
y eut des excursions d’un jour dans toutes les provinces wallonnes. Un
kaléidoscope de monuments, de musées, de
folklore, de promenades en bateau, de joyeuses agapes… sans oublier le
traditionnel maitrank de fin de journée offert par la présidente dans des
endroits parfois inattendus. Il
y eut des voyages de plusieurs jours pour explorer la Normandie, l’Alsace, les
châteaux de Il
y eut d’innombrables festins : le « grand diner » de novembre,
autrefois couplé à l’assemblée générale et les « moules » de Mais
à la Ligue wallonne on n’a pas fait que s’amuser… Pour
lutter contre l’impérialisme flamand, défendre les Francophones de Bruxelles et
de la périphérie, il fallait alerter l’opinion, éveiller les consciences et
donc se doter d’un organe de presse. Même
si ma collection comporte des lacunes, avec quel bonheur et quelle nostalgie
j’ai feuilleté les pages jaunies et un peu écornées de notre revue - « L’Alliance wallonne » puis « La
Ligue wallonne », qui deviendra « 4 millions 7 » en 2010. Je
redécouvre avec émotion les adresses écrites à la main, les timbres à 1 franc,
la typographie désuète et la mise en page serrée. Je m’émerveille devant la
pugnacité et la constance dont faisaient preuve les rédacteurs. La liberté de
ton était totale et si on dénonçait les injustes avancées flamandes, on ne se
privait pas de stigmatiser le ‘nonchaloir’ de certains politiques wallons ou
bruxellois francophones. Que
de soirées passées à la correction des épreuves… et quels fous rires homériques
déclenchés par certaines coquilles ! Puis, c’était l’expédition :
étiquettes à coller, formules de virement à glisser entre les pages ! Tout
cela réalisé grâce à l’hospitalité inaltérable de Gilberte et La
Ligue wallonne, ce ne sont pas seulement les membres du Conseil
d’administration, c’est aussi et surtout des centaines de membres qui soutiennent notre action par leur fidélité à
notre périodique, par leur cotisation, leurs dons au fonds de combat et surtout
par leur présence à nos activités… C’est vous tous aujourd’hui qui fêtez avec
nous ce centenaire. Soyez en remerciés du fond du cœur. La
vielle dame a encore du chemin à parcourir. Son combat est loin d’être gagné,
mais elle ignore la résignation fataliste, elle ira de l’avant… quitte à redire
encore et encore ce qu’elle affirme depuis si longtemps. Mon
mandat de présidente approche de sa fin. Je suis certaine que ceux qui me
suivront sauront rajeunir la Ligue
wallonne et l’ouvrir : l’ouvrir à tous les Francophones de Bruxelles,
qu’ils soient ou non d’origine wallonne et aux Bruxellois francophones venus
d’ailleurs, très souvent de pays de la Francophonie ; l’ouvrir aussi aux
différentes sensibilités politiques de ceux qui ont en partage avec nous la
volonté de défendre la langue française et les droits des Francophones. Avant
de vous inviter à vous lever pour écouter le Chant des Wallons interprété par Marie-Claire
DALOZE-WILLIQUET SOMMAIRE (pour le
contenu, nous contacter) LE
CENTENAIRE Allocution
de Madame Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET,
présidente de la Ligue wallonne de la Région de Bruxelles. Allocution
de Madame Jacqueline EZERSKY-FRANCOTTE, présidente de l’Union des groupements
wallons de Bruxelles (UGWB). Les
photos de la séance académique, de la réception et du déjeuner. POLITIQUE « Non Monsieur Delmotte,
Bruxelles n’appartient pas qu’aux Bruxellois. Les Wallons y sont aussi chez
eux ! » Jean-Luc ROBERT Opinions Un ministre aveugle
Philippe DUVIEUSART LE COIN DES AMIS Assemblée plénière consultative de la
LWRB le 28 novembre 17e concert de Noël
organisé par l’UGWB Une grande figure de la Ligue wallonne
nous a quittés : Roger MAINGAIN Jean-François GOOSSE
« 4 millions 7 » Septembre 2013 LE MOT DE
LA PRÉSIDENTE Cent ans ! Elle est à nos
portes, cette célébration du centenaire rêvée depuis si longtemps ! Chez
les organisateurs, la fébrilité est palpable : souci du détail, nombre de
présents, préparatifs divers, surtout ne rien oublier, ne rien laisser au
hasard… Les
registres d’état-civil des communes recensent de plus en plus de centenaires. À
cette occasion les familles se réunissent, ravivent des souvenirs, admirent de
vieilles photos sauvées par les technologies nouvelles. On pose pour la photo
de groupe. Le (ou la) centenaire est présent(e), trinquant à la santé des générations montantes, une larme discrète au coin de l’œil. Pour
une association centenaire, il en va autrement : ceux qui la portèrent sur
les fonts baptismaux il y a cent ans à Etterbeek ne lèveront pas leur verre
avec nous. Comparer la Ligue wallonne à une
vieille dame très digne ; c’est joli, mais assurément une
simplification. Un mouvement est fait des multiples personnes qui lui
insufflèrent idéal et énergie. Tous n’eurent pas exactement la même
sensibilité, les mêmes orientations. Tous ne vécurent pas les mêmes évènements
et je pense avec émotion à ceux qui traversèrent l’affreuse tourmente des
guerres mondiales. Beaucoup
de ceux qui donnèrent à la Ligue wallonne temps et dévouement nous ont quittés,
parfois leurs traces sont effacées, les archives étant rares ou inaccessibles.
Ils firent pourtant la vie et la chair du mouvement comme les anonymes grains
de sable font la plage. Et nous, présents en ce 12 octobre 2013, aurons
le privilège de souffler les bougies et de lever notre verre en remerciement à
ceux qui ont œuvré pour que notre Ligue parvienne à cet anniversaire
symbolique. Nous aurons à prendre la mesure du chemin parcouru et à inventer
celui qu’il reste à parcourir. Le
monde a évolué et nul ne songerait aujourd’hui à se sentir en exil lorsque, des
coins les plus éloignés des provinces du
Hainaut, Luxembourg, Liège ou Namur, il faut venir travailler à Bruxelles. Le
paysage institutionnel de la Belgique a bien changé lui aussi, dans un
tourbillon de réformes pas toujours transparentes pour le citoyen. Comme le dit
Le
ciment de cette solidarité, avant même la convergence des intérêts économiques
et sociaux, c’est l’amour et la défense de la langue française, sans oublier
les langues wallonnes. C’est la langue et la culture françaises qui nous
réunissent et nous nous élevons autant contre les coups de boutoir du
nationalisme flamand à Bruxelles et dans sa périphérie que contre l’invasion
d’un anglais ‘globish’, langue des affaires et de la dépersonnalisation, à
peine digérée par ceux qui l’utilisent. La
fête ne sera complète qu’avec la présence du plus grands nombre d’entre vous,
membres de la Ligue wallonne ou sympathisants. Inscrivez-vous de toute urgence,
nous vous attendons. Marie-Claire
DALOZE-WILLIQUET 6 SEPTEMBRE 2013 Sommaire (pour le contenu,
nous contacter) POLITIQUE Mesdames, Messieurs du
gouvernement bruxellois, oubliez cette idée de stade à Grimbergen. Jean Bourdon, Lieux de mémoire
Une brève du Wallon
vigilant CULTURE ET LITTÉRATURE L’enseignement au Moyen Âge : les écoles cathédrales
et les universités.
Jean TULKENS La Wallonie cache son coq !
Fernand ROSSIGNOL Ils nous ont volé notre « e muet »
LA LIGUE WALLONNE DANS LA PRESSE À Bruxelles, toudi Wallons, nondidju !
Michelle LAMENSCH
Le
Soir 29 aout 2013 La Ligue wallonne, cent ans de résistance !
Fraterniphonie
n° 72 LE COIN DES AMIS Un départ : Guy BOUCHEZ. Calendrier des activités des cercles amis NOTRE CENTENAIRE « Cent ans,
ça se fête ! » Formulaire d’inscription. Programme de la séance
académique. Menu du déjeuner. COMMUNIQUÉ Grand
Prix de la chanson wallonne 2014 Dans ce numéro le supplément FRANCE
WALLONIE BRUXELLES
« 4 millions 7 » Juin 2013 LE MOT DE
LA PRÉSIDENTE « Bonnes
vacances ! » Il me semble vous avoir écrit cela il y a trois mois.
Pourtant, c’était il y a un an, jour pour jour. Le temps qui trottinait
gentiment s’est emballé et va bon train. Les mois semblent des semaines et les
années s’amenuisent. Comme une bonne partie d’entre vous, chers lecteurs, il y
a belle lurette que je n’attends plus, le cœur battant, ni bulletin, ni
délibération, ni diplôme, portails magiques ouvrant sur deux mois de liberté. La
perception du temps, on le sait, est subjective ; l’entassement des années
nous les fait trouver insignifiantes et brèves. Les
vacances pourraient être le moment idéal
pour passer le mors aux chevaux du temps.
Enfouir l’agenda au fond d’un tiroir et, comme chante Se
plonger dans un livre inusable et inépuisable : la Bible, les Essais de
Montaigne, le code civil ou le dictionnaire Robert. À l’instar de
Montaigne, « feuilleter à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans
ordre et sans dessein, à pièces décousues ». Aller sans plan à travers
ses lectures, revenir en arrière, relire dix fois le même passage, sauter vingt
pages, noter quelque phrase en vue d’une méditation ultérieure… S’atteler
au grand projet de classer la grande boite de cartes postales entassées depuis
des années ; céder au plaisir de revisiter les jolis sites qu’elles
représentent ; compter les milliers de bisous déposés par des voyageurs
bien aimés ; hésiter longuement : les classer par pays, par thème,
par expéditeur ? Décider de ne pas décider, se laisser prendre au charme
de la nostalgie, verser une larme dans
la poussière du papier et refourrer le tout pêle-mêle dans la grande boite. Investir
sa cuisine dans un rêve étoilé ; orchestrer un grand branle-bas de
casseroles, se voir lauréat d’un grand concours de cuisine télévisé.
Inventorier les épices qui somnolent au fond d’une armoire, ébaucher des
festins dans une débauche de livres de cuisine ; constater l’absence d’un
des ingrédients principaux… téléphoner
au petit restaurant du coin pour réserver une table. S’asseoir
sur un banc de square, regarder simplement les gens, écouter le foisonnement
des langues parlées ; frémir de
plaisir au surgissement d’une phrase en français pimentée d’une pointe d’accent
polonais, arabe, turc ou espagnol. S’interroger sur les langues et les accents
qu’on ne devine pas. Voir les ombres s’allonger sur le sol et sentir l’air
fraichir. Rentrer chez soi en disant « je
n’ai rien fait aujourd’hui » et se laisser consoler par
Montaigne : « Quoi, n’avez-vous
pas vécu ? C’est non seulement la fondamentale mais la plus illustre de
nos occupations ». Classer les vieux
« 4 millions 7 », puisqu’on en sera privé pendant deux mois. Refaire
les chemins du combat que nous menons, prendre la mesure de nos engagements, de
nos redites voire de nos erreurs. Penser à ceux qui sont partis avant nous et à
l’héritage qu’ils nous ont laissé, se promettre de reprendre le combat où ils
ont dû l’abandonner ; s’inscrire dans la lignée, prendre conscience de ce
qui nous relie, malgré les différences, à tous ceux qui sont animés du même
idéal que le nôtre ; envisager l’avenir, y croire, faire confiance à ceux
qui nous suivront… Mais
d’abord… juste un peu de repos, de soleil, de silence et de fantaisie. Bonnes
vacances ! Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET 16 Juin 2013 Sommaire (pour le contenu,
nous contacter) POLITIQUE Le nouveau stade du Heysel : une très mauvaise
décision !
L’enseignement bilingue à Bruxelles Monsieur Vervoort, ce n’est pas cela que les Bruxellois
attendent de vous !
Quelques brèves Le Wallon
vigilant OPINIONS… Pape à Rome, Maire à Paris et Ministre-Président à
Bruxelles CULTURE ET LITTÉRATURE Le congrès mondial des professeurs de français aura lieu à Liège en 2016. Dictionnaire d’Histoire de Bruxelles La guerre des langues
Ludovic Greiling Wallons-nous ? Quelques expressions croustillantes. J.-L.
R. EN FRANÇAIS, S’IL VOUS PLAIT ! Prix exceptionnel 2013 de la Carpette anglaise LE COIN DES AMIS Notre centenaire : « Cent ans, ça se
fête ! » Formulaire d’inscription. Des amis nous ont quittés COMMUNIQUÉS L’école d’Autrefois… autrement. Exposition interactive à l’Espace Arthur Masson à Treignes.
« 4 millions 7 » Mai 2013 LE MOT DE
LA PRÉSIDENTE Printemps
après printemps, années après années, notre Ligue wallonne arrive à son 100e
anniversaire. Cent ans : « un
néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant » aurait dit
Blaise Pascal qui ne parlait pas du centenaire de la Ligue wallonne, mais de la
position de l’homme dans l’univers. Cent ans : un rien à l’égard de
l’histoire des hommes, un presque tout à l’égard d’une vie. La vie des groupes
étant plus longue que celles des individus, il importe de veiller à
l’enchainement des maillons, au déroulement de la trame, à la reprise du thème
par d’autres chanteurs. Ainsi,
pour aborder allègrement un deuxième siècle, la Ligue wallonne doit « se
renouveler sans se renier ». Les Wallons venus s’installer à Bruxelles en
1913 ont contribué à faire de Bruxelles ce qu’elle est, ils ont généralement
fait souche, engendrant des générations de « mutants » :
Bruxellois fidèles à leurs origines wallonnes, attachés à la langue et à la
culture françaises, mais de plus en plus
éloignés de la terre d’origine où ils n’ont plus personne. Vous
trouverez (p. 2), sous la plume de Quel
reste le rôle de la Ligue wallonne ? Dénoncer, résister, continuer. Dénoncer,
nous le faisons fréquemment dans ces colonnes : avancées arbitraires de
l’État flamand ; faiblesses et démissions des politiciens
francophones ; grignotages sournois ou ostentatoires de l’espace
francophone à Bruxelles, qu’il s’agisse des transports en commun, de la
publicité, des soins de santé ou de l’affichage tant bruxellois qu’européen. Résister.
Poursuivre l’affirmation de la communauté de destin entre Bruxelles et Continuer.
Si la défense du français à Bruxelles comporte un volet politique, au sens
large du terme ; nous avons surtout
à mettre en valeur, défendre et enrichir le patrimoine culturel dont nous
sommes héritiers. Il serait vain de lutter pour la survie d’une langue vidée de
sa sève. Le danger existe. Je prendrai exemple dans un domaine que je connais
bien : celui de Soyons
vigilants ! Aimons notre culture, respectons notre langue sans la corseter
dans un purisme stérile, faisons-la vivre. Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET Sommaire (pour le contenu,
nous contacter) POLITIQUE Wallons, Francophones, nouveaux Bruxellois
Monsieur Picqué, après 20 ans de pouvoir, des Flamands vous critiquent, à
vous la parole !
La recette du coq au vin par un chef de Opinions… Réaction à l’article « De
l’art de se tirer une belle dans le pied » de Quelques brèves
Le Wallon vigilant CULTURE ET LITTÉRATURE L’échelle (poème)
Robert Leruth Concours de poèmes espiègles organisé par la Maison de la poésie de Namur À paraitre : « La
ducasse de Mons » aux éditions Racine EN FRANÇAIS, S’IL VOUS PLAIT ! L’assurance dépendance flamande
M.-C. D. LE COIN DES AMIS Le professeur Jean Léonard nous a quittés
M.-C. D. Décès d’une militante wallonne : Madame Carmen
Masure COMMUNIQUÉS 75e anniversaire de l’Institut Jules Destrée Association culturelle wallonne Fontaine-l’Évêque –
Charleroi Maison de la Francité : exposition photo de Jérôme
Hubert Centenaire de la Ligue wallonne de la Région de Bruxelles : 12 octobre 2013.
« 4 millions 7 » Avril 2013 LE MOT DE
LA PRÉSIDENTE « Une souris verte qui courait dans
l’herbe… » chantent nos petits. En ce printemps qui démarre enfin,
lentement, comme s’il se préparait à une épreuve de fond, j’aimerais
peindre en vert la souris de mon
ordinateur, en rose les touches du clavier et écrire sur fond d’écran azur
inondé d’or que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes : un
véritable État Wallonie-Bruxelles s’apprête à éclore ; les bourgmestres de la périphérie sont enfin
nommés, les communes à facilités ayant rejoint le giron de la Région de
Bruxelles ; les entreprises rouvrent et les hauts-fourneaux rougeoient
faisant fondre comme neige au soleil les chiffres du chômage. Les
couleurs de l’actualité sont moins idylliques : la crise économique
continue à frapper tandis qu’éclate le scandale des nantis qui soustraient
leurs revenus à l’impôt. Le grand tapage médiatique autour d’un ministre
français ne fait sans doute émerger que la partie visible d’un gigantesque iceberg. Il
s’agit de dépasser le populiste et indigne « tous pourris ».
L’évènement invite néanmoins à mesurer l’abime qui sépare trop souvent
personnages politiques et grands de la finance de ceux « d’en bas »,
« les perdants du meilleur des mondes » (1) comme l’écrit le
journaliste allemand Günter Wallraff, bien connu pour ses enquêtes
« infiltrées » dans le monde du travail. Le familier des paradis
fiscaux, que peut-il savoir de l’enfer du travail à bas cout :
l’instabilité, la crainte du licenciement, les humiliations et les accidents de
travail, la fatigue, la peur du lendemain ? L’aisance barde le cœur
d’indifférence. Sans
doute nul ne paye ses impôts de gaieté de cœur ; chacun veille, dans les
limites de la légalité, à alléger sa facture et souhaite une meilleure
utilisation de ses deniers. Cela doit-il faire oublier l’indispensable
solidarité et la nécessité de pourvoir aux équipements publics ? Il est
paradoxal de critiquer la fiscalité confortablement installé sur le banc d’un
parc public ou en empruntant une autoroute. La notion de bien commun, de chose
publique devrait éclairer tout apprentissage dès le plus jeune âge, non pas
comme une matière scolaire, mais à la manière d’une toile de fond où s’inscrit
toute connaissance et toute morale. L’égoïsme inhérent à la nature humaine peut
être surmonté : « Je me
révolte, donc nous sommes », écrivait Camus. Dans
le combat pour la langue et de la culture françaises, « nous sommes ». En Wallonie, à Bruxelles, en Flandre, en
France, et au Québec, les militants sont légion, qu’ils agissent dans le
domaine politique, dans celui de Marie-Claire
DALOZE-WILLIQUET 12 avril 2013 (1) Günter WALLRAFF, Parmi les perdants du meilleur des mondes,
La Découverte/Poche, 2012. Sommaire (pour le contenu,
nous contacter) POLITIQUE Les langues à Bruxelles, mais que se passe-t-il
donc ?
Notre projet est clair… (à propos du sondage du Soir du 23 mars 2013)
Jean-François
Goosse Opinions… Divisions, dispersions, incohérences…
Étienne Duvieusart Tintin en Hollande et Nicolas en Belgique
Quelques brèves
Le
Wallon vigilant CULTURE ET LITTÉRATURE 81e gala du folklore wallon
M-C D. Au revoir, facteur Un livre de Jules Boulard Un dossier sur la couleur rouge dans Cartes de visite : « L’Association Charles Plisnier » « Arts et Poésie » et sa revue Plumes et pinceaux. « Association EN FRANÇAIS, S’IL VOUS PLAIT ! « On n’est pas couché »… devant
l’anglais ! Communiqué de l’A.FR.AV L’anglais planche de salut pour les universités
françaises ? Blog
de Claire Goyer LE COIN DES AMIS Communiqués des cercles amis.
« 4 millions 7 » Mars 2013 LE MOT DE LA PRÉSIDENTE Même
si ce sont les pelles raclant la neige qui nous ont réveillés ce matin, mars
est bien là, chargé de promesses de printemps et de renouveau. Perce-neiges et
crocus inaugurent un grand mois pour la langue française et tous ceux qui
l’aiment, qu’elle soit leur langue maternelle ou langue seconde adoptée par
choix personnel ou en raison des circonstances. Le Richelieu International
ouvre la fête en décernant son Prix
littéraire de la Francophonie à un écrivain japonais pour un livre consacré
à l’amour de la langue française. Le 20 mars : journée
internationale de la Francophonie, marquée par de nombreuses manifestations
dans différents pays. Le secrétaire général de l’Organisation Internationale de
la Francophonie, Abdou Diouf, inscrit son message dans la droite ligne de nos
objectifs : « Qu’adviendrait-il de la Francophonie si nous devions
laisser s’effacer le trait d’union linguistique qui nous relie ?
Qu’adviendrait-il de notre communauté si la Francophonie devait recourir, au
mieux, à la traduction, au pire, au seul usage de l’anglais, lors de ses
interventions, de ses réunions, de ses concertations, à l’instar de la pratique
de la langue unique qui s’est largement répandue dans les organisations internationales
et régionales ? […] C’est également ce lien originel et cette connivence
naturelle qui font que nous ne parlons pas seulement la même langue, mais que
nous parlons aussi, par-delà nos différences, le même langage : celui des
principes et des valeurs, celui de la démocratie et des droits de l’Homme,
celui de la diversité culturelle et linguistique, celui de l’équité et de la
justice sociale, celui de la régulation et de l’éthique en matière économique
et financière. » Cette année, la journée de la
Francophonie met la jeunesse à l’honneur : « Le français est une
chance pour les jeunes, les jeunes sont aussi une chance pour le
français ». En
fédération Wallonie-Bruxelles, la langue française sort en habits de fête pour
prendre l’air… à Soignies, choisie comme
‘Ville des mots’ à l’occasion de la semaine de « La langue française en fête » (du 16 au 24 mars) sur le
thème « Les mots s’envoient
». Occasion pour chaque participant
de dépoussiérer son lexique et de déployer des trésors
d'imagination et de créativité ! Pour les organisateurs, la langue française
constitue « un "plus"
incontournable pour une insertion sociale, scolaire et professionnelle
harmonieuse, dans le respect des identités des langues et des cultures de
chacun. » Renouveau également à la Maison de la Francité puisque
l’inauguration des locaux magnifiquement rénovés de l’hôtel Hèle coïncide avec
la journée de la Francophonie et la semaine de la langue française en fête. Un
programme très riche ! Vous aurez très bientôt l’occasion de découvrir cette
superbe restauration puisque nous vous convions, le 25 avril prochain, à une
assemblée plénière de la Ligue wallonne à la Maison de Soyez présents le 25 avril, nous avons besoin de toutes
les idées, de toutes les forces et de toutes les initiatives pour que la Ligue
wallonne tienne sa partie dans le grand concert printanier. Marie-Claire
DALOZE-WILLIQUET 12 mars 2013 SOMMAIRE (pour le contenu : nous contacter) Politique De l’art de se tirer une balle dans le pied
La réforme de l’arrondissement judiciaire de
Bruxelles
Jean-François
GOOSSE Les brèves du Wallon vigilant Culture et
littérature Nos villes wallonnes (poèmes)
Marcel
DARIMONT Prix littéraire Richelieu de la Francophonie Tri, mon cher souci
La
trieuse vigilante En français, s’il
vous plait ! Présidence irlandaise de l’UE
Jean
QUATREMER La STIB encore
M-C
D. Anglaises,
nos poubelles ?
Gerfa Communiqués Assemblée plénière des membres de la Ligue
wallonne le 25 avril Vie des cercles Dans ce
numéro le supplément
France Wallonie Bruxelles
« 4
millions 7 » Janvier
2013 (pas de parution en février 2013) LE MOT DE LA PRÉSIDENTE Puisque le code des bonnes manières m’y
autorise pendant tout le mois de janvier, je me réjouis, au nom des membres du
conseil d’administration de la Ligue wallonne,
de vous présenter des vœux fervents pour l’année 2013. De mon enfance,
remonte le souvenir de cartes dorées et pailletées portant, parmi branches et
chalets chargés de neige, la triple mention : « Bonheur Santé
Prospérité ». Le bonheur ? Les définitions en
étant si personnelles et si variées, je me contenterai de vous le souhaiter
« en gros », comme un colis contenant tout ce que vous désirez y
trouver. La santé ? Bien sûr, c’est un peu
plus prosaïque, mais sans elle, de quelle utilité seraient les autres
souhaits ? Je vous la souhaite solide et adresse tous mes encouragements à
ceux qui la voient chanceler et entreprennent de longues pérégrinations
médicales. La prospérité ? Est-il bienséant
de l’évoquer en cette période de crise financière et économique qui charrie
chaque jour son convoi de fermetures d’entreprises et fait glisser au chômage
des salariés qui déjà calculent au plus juste ? Je préfèrerais remplacer ce vœu de
« prospérité » par celui de « solidarité ».
« L’exemple vient d’en haut »
énonçaient sans peine mes parents
qui incarnaient ce précepte au quotidien. En matière de
solidarité, force m’est de constater aujourd’hui que l’exemple ne vient ni
d’une souveraine à la retraite, ni de « monstres sacrés » somptueusement
gâtés - dans les deux sens du terme
- par le
star system. La solidarité,
il faut la chercher ailleurs : dans
les aides spontanées entre voisins qui s’arrangent pour récupérer les enfants à
l’école en fonction de leurs horaires de travail, dans le covoiturage, dans les
innombrables associations s’efforçant de réintégrer dans le tissu social ceux
que les impitoyables lois de l’économie ou la maladie mentale ont exclus, dans
les banques alimentaires ou les restos du cœur. Le journal Le Monde a publié, fin 2012, un gros volume intitulé « Une année formidable en France, 100
portraits de Français d’aujourd’hui ». Après avoir choisi de manière
aléatoire huit lieux sur la carte, des journalistes sont partis à la rencontre
de gens de tous âges et toutes conditions : militants, artisans,
enseignants, simples citoyens soucieux du bien-être commun, pour qui le mot
« solidarité » n’est pas vain et qui mériteraient de temps en temps
un coup de projecteur médiatique. Solidarité, c’est cela aussi que nous
voulons à la Ligue wallonne : solidarité entre la Wallonie, Bruxelles et
sa périphérie. Nous formulons donc le vœu que 1913-2013 : centenaire de la Ligue
wallonne ! Nous le célèbrerons le 12 octobre. Ce sera l’occasion de
mesurer l’évolution accomplie en 100 ans : depuis la création d’un
mouvement qui offrait des activités récréatives à des Wallons venus travailler
à Bruxelles (à l’époque cela représentait un véritable exil) jusqu’au mouvement
d’études et d’action voué à la défense des Francophones et des Wallons de
Bruxelles qu’il est aujourd’hui. Occasion aussi de s’adapter davantage aux
réalités actuelles. Nous vous annoncerons en temps utile le programme de cette célébration et vous inviterons à
vous y associer. En attendant, je vous souhaite une
bonne lecture de ce « 4 millions 7 », vous y trouverez, entre autres,
sous la plume de Jean-François Goosse, une analyse détaillée des retombées du
message de Noël du roi. Pourquoi, est-il permis de se demander, un message du chef de l’État à l’occasion
d’une fête familiale et/ou religieuse et
non au 1er janvier ? Ce journal et notre mouvement sont
vôtres, toute collaboration est la bienvenue. Marie-Claire DALOZE-WILLIQUET Sommaire (pour le contenu : nous contacter) Politique Le roi, De Wever et les autres
Jean-François GOOSSE Le temps des incertitudes
Les brèves du Wallon vigilant Culture et
littérature « Sur
le bout de la langue » livre de Maurice Van Overbeke aux éditions « Les
Claines »
Maroucha Haïkus et Tankas
Robert LERUTH Concours de textes de la Maison de
la Francité Concours d’écriture de l’Union culturelle
wallonne Petit clin d’œil aux habitants de
Bruxelles-Capitale
Maroucha Opinions Consternation ou remords Walen buiten Annonces 81e Gala du folklore
wallon 17 mars Déjeuner de printemps de la
LWRB 24 mars Centenaire de la LWRB 12 octobre Exceptionnellement,
« 4 millions 7 » ne paraitra pas en février 2013 Dans ce numéro Le supplément France
Wallonie Bruxelles n° 12
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